Migration: le Maroc à la croisée des chemins

Migration: le Maroc à la croisée des chemins

La politique migratoire du Maroc est un processus continu et évolutif, qui est susceptible d'être influencé par les développements nationaux et internationaux, ainsi que par les besoins changeants des migrants et de la société marocaine.

 

Par M. Boukhari

Le Maroc accueille des migrants en provenance de pays d'Afrique subsaharienne, qui traversent souvent le pays dans l'espoir d'atteindre l'Europe. Cela pose bien évidemment des défis en matière de gestion des flux migratoires, de protection des droits des migrants et de lutte contre les réseaux de passeurs. Mohamed Khachani, président de l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations, affirme qu’en ce qui concerne l’immigration légale, les données relatives au nombre d’étrangers résidant au Maroc indiquent qu’à la date du mois de juillet 2020, il y avait 133.274 étrangers qui résidaient légalement dans le pays. Pour ce qui est de l’immigration irrégulière, Khachani, également président du Comité national du réseau académique et institutionnel nordafricain sur la migration, précise qu’«indépendamment de l’aspect dimensionnel difficile à cerner, le Maroc devient une destination privilégiée de la migration irrégulière internationale puisque, comme le révèle le processus de régularisation, ces migrants sont originaires de plus d’une centaine de pays (116 relevés lors de la première opération de régularisation et 113 lors de la seconde)». Notons que le gouvernement marocain a mis en place diverses politiques pour faire face aux défis de la migration, notamment en renforçant la coopération avec les pays européens et en mettant en œuvre des programmes visant à améliorer les conditions de vie des migrants sur son territoire. Cela inclut des initiatives telles que la régularisation des migrants en situation irrégulière et l'offre de programmes d'intégration socioéconomique. Des initiatives clés En 2013, le Maroc a lancé le Programme national de régularisation des étrangers en situation irrégulière (PNRE), une initiative qui a marqué un tournant dans la politique migratoire du pays. S’exprimant récemment à l’ouverture de la Conférence ministérielle régionale de l’Afrique du Nord, organisée par le Maroc et la République togolaise sous le thème «Panafricanisme et migration», Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRE, a indiqué que le Royaume a prôné une approche humaniste et solidaire en adoptant dès 2013 une nouvelle politique migratoire. Celle-ci est basée sur une démarche participative incluant divers aspects, dont le respect des droits de l’Homme, la conformité au droit international, la coopération internationale et la responsabilité partagée. «Les autorités marocaines ont pris un certain nombre de dispositions réglementaires et législatives couronnées par l’adoption, dans un premier temps, de “la loi 02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières”, et dans un deuxième temps, d’une nouvelle politique migratoire qui marque une avancée qualitative certaine en matière de traitement de ce dossier et qui s’inscrit dans une stratégie prospective, la Stratégie nationale pour l’immigration et l’asile, expérience pilote en Afrique qui marque le passage d’une approche marquée par des considérations sécuritaires à une approche fondée sur les droits humains», explique Khachani, citant des passages de son dernier livre «La question migratoire au Maroc». D’après ce professeur à l'Université Mohammed V- Agdal Rabat, un des piliers de cette nouvelle politique demeure l’opération de régularisation qui a permis à ces migrants de participer à la vie de la cité. «Une première opération de régularisation s’est étalée sur toute l’année 2014 et une deuxième a été lancée en décembre 2016. Les deux ont permis la régularisation de la situation administrative de près de 50.000 personnes», indique-t-il. Par ailleurs, avec ces flux migratoires, le Maroc se trouve confronté au défi du contrôle des ses frontières et à la lutte contre la traite des êtres humains. «Durant les cinq dernières années, quelque 366.000 tentatives d’émigration irrégulière vers l’Europe ont été mises en échec par les autorités marocaines. Ce nombre s’élève à 70.781 tentatives avortées en 2022 et à 25.519 à fin mai 2023, d’après des données du ministère de l’Intérieur», souligne Khachani. Coopération win-win Depuis de nombreuses années, le Maroc maintient sa coopération avec l'Union européenne et d'autres partenaires internationaux dans le domaine de la gestion des migrations, notamment à travers des accords bilatéraux et régionaux, ainsi que des initiatives de développement visant à adresser les causes profondes de la migration. «Malgré l’absence d’un pacte signé sur la migration entre les deux partenaires, l’UE verse des aides au Maroc dans le cadre de programmes de coopération depuis 2014 et jusqu’en 2027. Le montant versé jusqu’en 2022 tourne autour de 2 milliards d’euros, dont environ 1,5 milliard dans le cadre de la coopération bilatérale globale, notamment via le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique (FFUE)», dixit Mohamed Khachani. Et de poursuivre : «Un document de l’UE sur le sujet précise que 631 millions d’euros ont été alloués au Maroc entre 2021 et 2022, dans le cadre de l’instrument de voisinage, de développement et de coopération internationale (NDICI – Global Europe), ainsi que de financements pour la migration au titre d’autres instruments de financement, comme le Fonds asile, migration et intégration (AMIF)». 

 

 

 

 

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