Entrepreneuriat: ces défis tenaces qui entravent la pleine expansion du secteur

Entrepreneuriat: ces défis tenaces qui entravent la pleine expansion du secteur

L'écosystème entrepreneurial marocain ne cesse de se développer, offrant de nouvelles perspectives économiques et sociales. En revanche, ce secteur est confronté à des problèmes persistants.

 

Par M. Ait Ouaanna

Le Maroc est en train de forger sa réputation en tant que terre d'opportunités pour les entrepreneurs. Porté par une jeunesse audacieuse et une volonté gouvernementale de promouvoir l'innovation, l'écosystème entrepreneurial marocain évolue à un rythme soutenu. Cependant, derrière cette dynamique prometteuse, persistent des défis majeurs qui entravent encore sa pleine éclosion.

A cet égard, le Groupe ISCAE, en partenariat avec l'Université de Sherbrooke et l'Association marocaine de gestion, a organisé du 25 au 27 avril 2024 à Casablanca, la 4ème édition du Colloque international sur l'écosystème entrepreneurial, sous le thème : «Cultiver la résilience entrepreneuriale dans un environnement changeant». Dans son discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture de cet événement, Tarik El Malki, Directeur général du Groupe ISCAE, a souligné qu’au cours de ces dernières années, le Maroc a mesuré la nécessité de développer un tissu entrepreneurial dynamique, moderne et résilient.

«Cette nécessité s’est particulièrement imposée avec la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement. Cela est porté par une vision royale qui place la dynamisation et le développement du tissu entrepreneurial comme l’une des priorités de développement de nos structures économiques. Dans le passé, le Maroc avait mis en place une série de politiques publiques visant à renforcer l'entrepreneuriat. Il s’agit notamment de la création du crédit dédié aux jeunes promoteurs au début des années 1990, mais ces programmes n’ont pas donné les résultats escomptés», a relevé El Malki.

Dans le même ordre d’idées, le DG de l’ISCAE a relevé qu’avec l’arrivée du gouvernement actuel, plusieurs études ont été mises en place afin d’identifier les différents dysfonctionnements. Il a dans ce sens évoqué la dernière étude menée par le ministère de l’Économie et des Finances et la Banque africaine de développement (BAD), visant à dresser le profil entrepreneurial marocain. En effet, cette étude a démontré que le potentiel entrepreneurial est estimé à 25% de la population marocaine âgée de 18 ans et plus, répartie entre 9% d’entrepreneurs établis et 16% d’entrepreneurs potentiels ayant initié des actions conceptuelles ou concrètes en vue de créer une entreprise. Cependant, l’étude révèle que 57% des entrepreneurs établis le sont par nécessité, à travers des micro et petites entreprises dans des secteurs et activités à faible productivité.

«Les résultats sont assez édifiants. Le taux d’activité entrepreneurial ne dépasse malheureusement pas les 25%; il s’agitlà de l’un des taux les plus bas de la région des pays arabes à revenu intermédiaire. L'autre constat alarmant démontré par ladite étude est que le tissu entrepreneurial marocain est dominé par l’informel», se désole El Malki. Dans la même veine, le DG de l’ISCAE a évoqué les différents programmes «nouvelle génération» mis en place par le gouvernement pour faire face à cette situation, notamment le programme Awrach, Ana Moukawil, ou encore Forsa. Par ailleurs, il a mis en avant le rôle crucial que doit jouer l’enseignement en matière de promotion et de développement de l’entrepreneuriat.

«Le secteur de l’enseignement ne doit pas être en reste de cette mutation importante. Il doit accompagner la mise en œuvre de cette évolution structurelle de notre économie en mettant en place des programmes ad hoc, que ce soit au niveau de la formation initiale ou la formation continue. Il doit également mettre en place des indicateurs universitaires pour attirer, incuber et accompagner les meilleurs porteurs de projets», a-t-il insisté. De son côté, le ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, a indiqué que le gouvernement place l’entrepreneuriat au cœur de ses préoccupations, soulignant que d’importantes initiatives ont été mises en place au cours de ces dernières années, en vue d’encourager les Marocains, notamment les jeunes, à entreprendre et afin de les accompagner, particulièrement en matière de financement.

Relevant que l’entrepreneuriat est devenu au fil des années un mode de vie, le ministre a par ailleurs fait remarquer que le niveau d’éducation constitue l’un des premiers obstacles face à un entrepreneuriat réussi. Dans le même ordre d’idées, Sekkouri a précisé qu’aujourd’hui au Maroc plusieurs jeunes entrepreneurs ou porteurs de projets n’ont pas de diplôme, notant que 10% des entrepreneurs marocains seulement ont un diplôme de l'enseignement supérieur. Pour sa part, Ghita Lahlou, viceprésidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a souligné que l’entrepreneuriat est la vraie et unique solution aux défis auxquels fait face le Royaume, que ce soit en termes d'emploi ou de croissance. Selon elle, il s’agit également de la seule solution pour réussir à atteindre un développement inclusif et durable.

«Dans notre pays, la culture entrepreneuriale ne s'est pas encore pleinement épanouie. Les citoyens manifestent une forte réticence face au risque, notamment parmi les diplômés des grandes écoles, dont la plupart aspirent à des carrières salariées ou dans la fonction publique. Bien que certains cherchent à changer leur perspective en cours de route, il est évident que notre système éducatif tend à former des individus en quête de sécurité et de stabilité. Cette tendance se traduit par un manque d'innovation chez les entrepreneurs, qui préfèrent souvent s'orienter vers des secteurs traditionnels. Actuellement, les chiffres témoignent de cette réalité, avec seulement un millier d'entreprises considérées comme des "gazelles"», a-t-elle ajouté.

«En termes de startups, le Maroc en compte actuellement environ 2.000, ce qui représente environ 10% de notre potentiel par rapport au reste de l'Afrique. Il est nécessaire que les individus adoptent un état d'esprit entrepreneurial et que des dispositifs appropriés soient mis en place pour favoriser l'entrepreneuriat», conclut-elle. Il est à noter que cette 4ème édition du Colloque international sur l'écosystème entrepreneurial a été marquée par la présence de nombreuses personnalités nationales et internationales du monde académique, de l'industrie et de l'entrepreneuriat, venues explorer les meilleures pratiques et les stratégies innovantes pour faire face à l'incertitude et favoriser la résilience entrepreneuriale dans un monde en constante évolution. 

 

 

 

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